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rocketqueen

7 octobre 2005

sur la table de nuit cette semaine (1)

bubblegum

Bubblegum Lolita Pille (France, 2004)

Le genre : pseudo-trash
La note : 4,5/6

S’il est vrai que les grands artistes pondent toujours la même oeuvre, alors il y a de fortes chances pour que Lolita Pille soit une immense écrivaine ! Car ce "BUBBLEGUM" ressemble tout de même beaucoup, beaucoup, beaucoup au précédent, "HELL"...en plus long.
Et en franchement mieux !
Bon, on ne va pas s’attarder longtemps sur l’idée de départ : "BUBBLEGUM" met en scène une énième petite conne rêvant de devenir une star (on pourrait difficilement faire plus d’actualité) et prête à tout pour réussir. Ne pas se fier au quatrième de couverture, donc, qui ne laisse rien deviner de la fulgurance du texte. Là où ça se corce, donc, c’est quand elle tombe sur un gosse de riche vaguement bobo (comprenez : il écoute du rock)...là non plus rien de bien original, mais le personnage est haut en couleur, criant de vérité...et la chute est tellement bien amenée, tellement innattendue...qu’on en presque déçu.

Désolé, je ne peux rien vous dire de plus !
D’un point de vue purement littéraire, force est d’admettre que la jeune femme a bossé à mort : là où "HELL" donnait l’impression d’être un brouillon d’une centaine de page rédigé en une seule nuit et sous amphets (notez : ça aurait pu être bien), "BUBBLEGUM" a une structure sinon terriblement charpentée, en tout cas nettement plus fouillée. Il faut dire qu’à côté de son prédécesseur, n’importe quel livre de confessions d’une star TV aurait l’air construit. Mais bon, passons...
Même constat au niveau stylistique : Lolita Pille a gommé les aspérités de son écriture, tout ce qui la rendait énervante voir carrément rebutante. La plume est toujours rageuse et acerbe, mais vise désormais juste. Disons que la rage candide a cédé la place à une colère plus contenue - plus maîtrisée aussi.
Bref, une lecture d’autant plus agréable que je partais avec un a priori franchement négatif ! Probable néanmoins que les plus de quarante ans passent totalement à côté, car l’ensemble

manque du soupçon d’universalité qui lui aurait offert la note maximale sur un plateau.

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7 octobre 2005

livre de la semaine (03-09/10/05)

n47731Sanctuary , William Faulkner(USA / 1931)

Ce livre clôt en que quelque sorte le triptyque constitué par THE SOUND & THE FURY (1929) (Le bruit et la fureur) et AS I LAY DYING (1930) (Tandis que j’agonise), soit la seconde "période de Faulkner" - celle où il met au point sa stratégie de brouillage chronologique et son goût pour la tragédie antique.

Petit récapitulatif pour commencer: en 1931, s’il a publié déjà cinq romans dont les deux chefs-d’oeuvre suscités, Faulkner n’en demeure pas moins un inconnu et vit dans la misère. D’où l’idée de composer un roman juste pour l’argent, en réunissant tous les éléments à la mode dans la littérature dite commerciale de l’époque. On passera sur les inombrables réécritures du texte (spécialité de Faulkner et de beaucoup d’autres). L’important est de savoir qu’il le commence en 1929 suite à l’échec cuisant de SARTORIS - soit donc avant les deux autres merveilles (d’où l’impression que la mécanique de SANCTUARY est parfois moins bien huilée).

Il s’agit au départ d’un conte, inspiré d’un fait divers: une sordide histoire de viol d’une collégienne par un adolescent impuissant et pervers. Tous les éditeurs le lui refusent. Trop violent, trop sombre, trop dépressif. Trop sarcastique et décapant, aussi, bien sûr. Trop Faulknerien en somme.

L’auteur range donc SANCTUARY dans un tiroir, le retravaille quelques mois plus tard et en fait son troisième chef-d’oeuvre consécutif. Entre temps, il s’est adonné à son jeu préféré: le brouillage chronologique. Il y a ajouté quatre scènes de voyeurisme. Un meurtre. Une affaire de distillation clandestine. Un justicier pathétique. Et 18 références à MACBETH. Malraux a sans doute fait beaucoup de tort à ce livre, avec sa célèbre "Introduction de la tragédie grecque dans le roman policier". Car s’il y a bien un genre littéraire dont Faulkner se fout, c’est bien le polar... dans la mesure où il est totalement incapable de maîtriser l’élément capital de la mécanique policière: le suspense. Rarement on aura vu un auteur aussi mauvais pour "faire monter la sauce". Et pourquoi le ferait-il d’ailleurs? Quel en serait l’intérêt puisque sur 20 romans qu’il composa entre 1927 et 1962, 14 commencent par la fin.

Le véritable génie de Faulkner dans ce texte, c’est de réussir à écrire sur le Mal sans jamais se poser en moraliste. Il sonde les profondeurs de l’âme humaine, dissèque avec jouissance la médiocrité et la corruption, mais son point de vue est quasiment absent de tout le roman. Il laisse penser les autres, les hommes normaux, les désaxés, les fous, les criminels... tous ceux qui n’ont pas droit à la parole ailleurs. Tous ceux sur qui les autres n’écrivent pas.
 

7 octobre 2005

classic-album du jour

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Blank Generation Richard Hell & The Voidoids (USA / 1977)

Le genre : album punk ultime

Ami lecteur, il est temps d’oublier tout ce que tu as appris. Non, le punk n’est pas né à Londres mais à New York. Et son icône ultime ne s’appelait pas Johnny Rotten mais Richard Hell.
Aujourd’hui, rare sont ceux qui se souviennent encore de Richard Hell. Génie aussi nombriliste que nihiliste, champion toutes catégories pour se faire éjecter des groupes qu’il forme...jugez plutôt : 1975, il fonde les Neon Boys avec Tom Verlaine et Richard Lloyd - soit donc Television. Dont il se fait saquer au bout de quelques mois. Pas content du tout, il retrouve les exs New York Dolls Johnny Thunders et Jerry Nolan, avec lesquels ils montent les Heartbreakers...et se fait remercier après avoir écrit 90 % de leur mythique L.A.M.F. Du coup, lorsque le punk passe du statut de petit mouvement underground new yorkais à celui de phénomène mondial, Richard Hell est seul et sans le sou. Comble du ratage, la chanson qui aurait pu le faire décoller, "Chinese Rocks", il l’a offerte aux Ramones. Bref, à la différence de la plupart de ses collègues, pseudos rebelles doublés de vrais business-men, Richard Myers (de son vrai nom) est totalement perméable à la moindre notion de commerce ou de libre entreprise. Quitte à devenir la risée de tout le NYC punk de l’époque. Alors, dans un sursaut d’orgueil, Richard fonde les Voidoids, groupe de branquignols punks et intellos avec lequel il enregistrera cet unique album devenu mythique (on oubliera le gentillet Destiny Streets publié en 1982 sous le nom des Voidois - en réalité une bande de seconds couteaux sans intérêt).
"I belong to the blank generation"...en une phrase, tout est dit. Cet album, c’est la quintessence du punk. Le vrai. Pas celui des anglais, maniant la provocation à outrance. Mais un rock pur et primitif, désespérément romantique, doublé d’une véritable vision sociétale. Fan de Godard et des Dolls, réel esthète, Richard Hell plaque quelques accords devenus archi cultes ("Love comes in spurts", "I’m your man") et déclame des textes aussi venimeux qu’exquis ("Liars beware", "Betrayal takes two"); reprend John Fogerty ("Walking on the water") avec simplicité et élégance. Et impose une démarche artistique héritée du CBGB (le vrai, encore une fois, celui de Warhol, de la Factory et du Velvet Underground). Il déniche aussi, par la même occasion, un maestro de la guitare, en la personne de Richard Quine : un punk obsédé par le jazz, qu’on verra plus tard aux côtés (excusez du peu) de Lydia Lunch, Lou Reed (de 82 à 85), Marianne Faithfull, Tom Wait, Marc Ribot...j’en oublie sûrement.
Surtout, il puise dans les tréfonds de la musique populaire américaine (Fogerty et le Velvet, évidemment, mais aussi Buddy Holly ou Link Wray) et recrache tout cela à la sauce punk / hardcore / new wave.
Au final, bien plus qu’un album culte : une légende ambulante. Une oeuvre parfaite et magistrale, d’autant plus fameuse qu’elle est la seule pour Hell et ses complices.
Et l’on se prend, finalement, à trembler, en imaginant le grand projet qui faillit signifier son retour il y a moins d’une dizaine d’années : Hell avait prévu de monter un supergroupe réunissant Stiv Bators (Dead Boys, Lords Of The New Church), Johnny Thunders, Arthur Kane (The New York Dolls) et Dee Dee Ramone...rien que ça ! Un projet avorté pour cause de mort de la plupart des protagonistes. A l’exception d’un seul : Hell. Qui, à l’instar des cafards et de Keith Richards, survivra probablement longtemps après l’Apocalypse Nucléaire.

à écouter en priorité :
"Love comes in spurts" & "Blank Generation"

6 octobre 2005

...ou comment meubler son ennui...

Ce qu'il y a d'amusant avec les blogs, c'est qu'il y a presque autant de types que d'auteurs...Parcourir les blogs sur ce site est une occupation à plein temps qui procurer des sensations particulièrement communicative.

Cependant, ami lecteur, tu ne trouveras ici rien de bien sensationnel...je n'ai pas créé ce blog pour raconter ma pauvre vie sans intérêt, diffuser en ligne des poèmes ratés griffonés au coin d'un agenda ou publier mes photos de vacances catégorie "ma fille fait des chateaux de sable"...

J'envisagerais plutôt la chose comme un petit magazine, un vrai petit journal avec articles, chroniques...etc. Quelque chose qui permettrait de parler de tout ce que j'aime - et avec d'autant plus de plaisir de tout ce que j'execre ! Avec, comme tout magazine si miniscule et confidentiel soit-il, de vrais petites rubriques qui reviendraient de manière hebdomadaire. Bref : le journal que j'aimerais lire mais ne trouve jamais nulle part. Qui parlerait avec un égal bonheur de cinéma, de musique et de littérature. Et qui essaierais, dans la mesure du possible, de donner envie au lecteur de découvrir les artistes ou oeuvres évoqués dans ses pages...

Mégalo, moi ? Allons, allons...j'essaie juste de trouver un intérêt à une solitude désarmante. La question que je me suis posé durant les quelques jours qui ont précédé mon inscription ici était : "pourquoi un blog ?". Mon unique réponse sera : "pourquoi pas un blog ?"...et puis c'est vrai, je trouve agréable l'idée que des gens lisent tous ces petits articles que je prends tant de plaisir à écrire ! Ca n'a fondamentalement pas grand chose de différent avec ce que je faisais du temps où j'étais journaliste, mais là, je peux avoir les commentaires en direct ou presque.

Dès lors pourquoi fermer ce blog au public ? Je ne vois pas l'intérêt d'écrire tout cela si seuls mes amis viennent voir à quoi ça ressemble...

Bienvenue, donc, ami lecteur. "Bienvenue" sera le mot de la fin.

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